Explication

Mon dernier billet remonte à fin avril. Quatre mois de silence, presque. Je vous dois une explication.

J’ai eu courant janvier une série d’examens médicaux à la suite d’un essoufflement invalidant. Il s’agissait d’un épanchement pleural conséquent. Les analyses ont révélé un cancer de la plèvre sans métastases significatives. Le temps de compléter le diagnostic, j’ai commencé une chimiothérapie début mars. Après quatre cures espacées de 3 semaines chacune, un TEP scanner a montré que le traitement n’était pas assez efficace. Un nouveau protocole a été mis en place début juillet, avec des cures toujours espacées de 3 semaines. Le prochain contrôle a lieu fin août.

J’ai bien essayé de rester fidèle à mes billets hebdomadaires, mais je n’avais pas toute la disponibilité nécessaire. J’ai donc préféré garder le silence.

J’ai déjà eu un cancer, il y a trente ans. À l’époque, la maladie d’Hodgkin (cancer du système lymphatique) commençait à être soignée avec 50 % de réussite. Mon médecin et ami, tout frais sorti des études avait appris qu’on n’en réchappait pas. Le diagnostic avait été éprouvant pour lui. Aujourd’hui, ce cancer du système lymphatique, pris assez tôt, se guérit à 100 %.

Cette première expérience avait néanmoins cassé quelque chose dans mon existence. J’ai fait faillite, licenciant plusieurs personnes. Profitant d’une occasion professionnelle inespérée de mon frère, je me suis exilé sur Lyon quittant l’Auvergne de ma jeunesse et nos deux familles. Pourtant, à l’expérience, ce fut une nouvelle vie, non seulement professionnelle, mais familiale avec mon épouse et nos cinq enfants.

J’ai cherché très longtemps pour quelle raison j’avais pu faire ce cancer. L’expression en dit long sur mon état d’esprit. J’ai écrit plusieurs manuscrits sur ce sujet, sans trouver heureusement d’éditeur pour ces introspections a priori stériles. Il me reste de ces réflexions une espèce de sagesse envers les événements qui nous arrivent, sans que consciemment nous n’ayons rien demandé.

Pour autant que l’on puisse parler ainsi d’une maladie qui nargue la vie, ma nouvelle épreuve se positionne sur un terrain qui n’est pas vierge. La naïveté n’est plus de mise. La peur ou l’espoir deviennent relatifs. En fait, je découvre un nouvel art de vivre sur lequel j’ai bien l’intention de revenir prochainement.

La vie, puisqu’il s’agit d’elle au fond, nous invite à la suivre, chaque jour, à travers ses méandres qui parfois s’appellent accidents, maladies, souffrances ou mort. Il s’agit tout simplement d’y être docile. Et en premier, dans les médiations qu’elle met sur notre route : les médecins, les soignants, les proches. Sans oublier les moins proches, désemparés par ce questionnement existentiel et qui y répondent comme ils peuvent. Ils font néanmoins partie de cette fraternité humaine qui se révèle dans l’adversité et qui fait chaud au cœur.

À très bientôt.

© Daniel Dubois.  Amplepuis, 2018

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