Discerner

Le discernement s’impose avant tout engagement. Faut-il s’engager ou pas ? Quel engagement choisir ? Voilà deux types de questions auxquelles le discernement permet de répondre sereinement. La première attend une réponse binaire (oui ou non) ; la seconde demande de choisir entre plusieurs orientations.

Il ne faut pas confondre ces deux démarches. Car bien souvent, le choix n’est pas réellement entre deux possibles, mais d’abord dans une succession de réponses binaires. La réponse binaire est en effet plus simple, et il est préférable de décomposer les questions complexes en une succession de réponses binaires. Schématiquement, une suite de réponses binaires ressemble à un arbre : à chaque nœud, on choisit entre une branche ou l’autre. Alors que le choix parmi plusieurs solutions ressemble aux dents d’un râteau. Se pose la question de mettre les questions binaires dans l’ordre. C’est assez simple : une question qui dépend de la réponse d’une autre est mise sous celle-ci. La question qui reste en tête est celle à traiter en premier.

Parfois, le discernement commence par une évidence. C’est heureux. Mais le discernement n’en est pas fini pour autant. L’évidence est de l’ordre de l’intuition. Elle en a la force. Et souvent l’imprécision dans les détails. Certaines personnes sont réceptives aux intuitions, d’autres pas. Ce premier stade doit être pris en compte avec sérieux quand il se présente.

Le discernement doit passer ensuite par une étape affective ou irrationnelle. Il s’agit devant chaque choix (ou l’évidence initiale) d’inventorier et d’évaluer ce qui plaît, ce qu’on aime ou qu’on n’aime pas, ce qui peut embellir la vie, l’ouvrir, lui donner de l’air. C’est le cœur qui explore, en dehors, pour le moment, de toute bonne raison. Cette étape peut prendre du temps. Son objectif est de détecter la meilleure solution sur ce plan.

L’étape suivante est une exploration rationnelle. Parmi toutes les solutions possibles, et en particulier celle qui est sortie de l’étape précédente ou l’évidence initiale, un tri se fait sur les conditions matérielles, financières, économiques. Émerge la solution qui est, rationnellement, la meilleure. Elle permet une vie plus simple, plus tranquille, plus sûre. Les critères dépendent du type de décision, bien évidemment. En résumé, il ne reste que la solution la plus viable.

Après ces trois étapes, un choix se fait jour. Une décision, provisoire, s’impose . Mais elle doit être validée pour être définitive. Cette validation repasse par les mêmes étapes mais dans l’autre sens. Si la décision correspond au choix rationnel fait à l’aller, la validation sera de pure forme. Sinon, une discussion intérieure s’engage pour bien valider qu’elle est acceptable sur le plan rationnel. De même, ensuite, à l’étape affective ou irrationnelle.

En fin de parcours, la décision doit prendre les atours d’une évidence. Et la boucle est bouclée. Normalement, une bonne décision se confirme par un état de sérénité, de paix, de calme. Sinon, il reste un point dans l’ombre qui a été ignoré.

Il est important de se faire accompagner dans un discernement. L’accompagnement est tout un art. L’accompagnateur doit apporter sa pierre dans les exploration, exprimer ce qu’il voit et que l’accompagné ne voit pas. Mais en aucun cas, il ne doit s’immiscer dans la décision. Face à son accompagnateur, l’accompagné doit se sentir en totale liberté vis à vis de lui-même. En cas de souci, il ne faut pas craindre de quitter son accompagnateur.

Une décision se mûrit. Si la démarche ne permet pas d’aboutir, c’est que ce n’est pas encore l’heure. Il se peut aussi que ce soit à cause de l’accompagnateur. En changer peut être une solution.

Cette démarche de discernement n’est pas de moi. Je l’ai récupérée je ne sais plus où à une époque où je notais pas encore mes sources. Je l’ai progressivement adaptée à ma pratique et il est possible qu’elle ne ressemble plus exactement au modèle initial. Mais comme telle, elle s’applique tout aussi bien pour des orientations radicales, que pour des décisions plus courantes. Faites-en bon usage.

© Daniel Dubois.  Amplepuis, 2018

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