La communication non violente (CNV en français) est une méthode relationnelle facilitant la communication dans l’empathie. Marshall B. Rosenberg en est l’initiateur. La CVN est connue en France depuis une vingtaine d’année.
Elle est particulièrement efficace pour dénouer des situations conflictuelles, quand la communication est bloquée. Que ce soit dans l’intimité des couples, en famille entre parents et enfants, en entreprise ou toute autre situation sociale (enseignement, association, conflit armé, etc.).
J’ai re-découvert la CNV récemment. Je l’avais abordée dans un ancien billet (La r’elation retrouvée – https://dd.geneses.fr/2013/03/la-relation-retrouvee), sans la nommer et sans trop de rigueur. Mon approche d’alors faisait davantage référence à la PNL.
Il est tout à fait possible de s’inspirer de la CNV pour établir une communication correcte. À titre préventif, en quelque sorte. Dans une autre approche, elle est profitable dans notre relation à nous-mêmes, sujet sur lequel je reviendrai dans un prochain billet.
La CNV déroule un processus en quatre étapes.
La première consiste à décrire le contexte de notre relation, et plus précisément, un événement dans cette relation à l’origine de notre difficulté relationnelle. Un événement déclencheur : une parole, un geste, une omission. À ce stade, la CNV nous invite à contextualiser au maximum ce qui s’est passé : la date et l’heure, le lieu, les acteurs, les paroles, etc. Les généralisations sont proscrites. Les jugements ou autres appréciations cassantes aussi. On en reste au factuel, tout simplement. Essayez déjà de décrire une situation relationnelle chaude sans y mêler de jugements ou d’opinions péremptoires : ça demande apprentissage, tellement nous sommes habitués à tout mettre en boite dans nos convictions ou notre morale…
Dans la deuxième étape, la contextualisation initiale est prolongée par l’évocation des sentiments personnels qu’elle génère. Il s’agit des ressentis émotionnels, des impressions jouant sur les registres du confort ou de l’inconfort. Il n’est ni bon ni mauvais d’avoir des ressentis. Les ressentis ne sont pas du domaine de la volonté. Déterminant notre « être avec » l’autre, ils font naturellement partie du partage. Certaines personnes, bloquées dans une approche intellectuelle de l’existence (« Je pense que… ») ont des difficultés pour exprimer leurs ressentis. L’aide d’un tiers leur est souvent nécessaire. L’important dans cet échange est de respecter les ressentis, de les accepter, tant ceux de l’autre que les miens. Reconnaître que chacun est personnellement responsable de ses propres ressentis. Sans débordement ou dérapage, comme à la première étape, dans les appréciations ou les jugements.
La troisième étape cherche à mettre en lumière quels sont les besoins personnels qui sont à l’origine de ces ressentis. Nous sommes nombreux, surtout chez les hommes, à être réticents dans l’expression de nos besoins. Car ils signifient notre vulnérabilité, notre faiblesse. Exprimer un besoin, c’est reconnaître notre dépendance vis à vis de l’autre susceptible d’y remédier. D’autant plus que l’authenticité, à ce stade, se refuse à invoquer des solutions faciles, générales ou futures. Nous avons tous des besoins. La vérité, stimulée par l’empathie, est de cerner les besoins actuels et personnels à l’origine des ressentis.
La dernière étape conclut en proposant des actions concrètes pour satisfaire les besoins exprimés. À ce stade, les solutions sont généralement faciles à trouver. Il s’agit d’actions que les protagonistes sont en capacité de réaliser. Aucune limitation extérieure ne doit les restreindre. L’important est dans le premier pas, ici et maintenant. D’autres actions pourront venir plus tard, en particulier, des options délicates, inabordables dans le conflit, mais que l’amélioration de la relation permettra d’envisager et d’étudier sereinement.
Il n’est pas nécessaire que les deux protagonistes soient câblés CNV pour évoluer avec le schéma ci-dessus. Il suffit d’un seul qui pilote la discussion. L’empathie est de mise à toutes les étapes. Elle s’exprime par la reformulation hors toute sympathie ou pitié, en particulier lors de l’expression des ressentis et des besoins.
© Daniel Dubois. Amplepuis, 2018
À lire :
La communication non violente au quotidien ; Marshall B. Rosenberg ; Éditions Jouvence, 2017 (première édition originale : 1983) ; 91 p. ; 4,95 € ; un excellent résumé.
Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs) – Initiation à la communication non violente ; Marshall B. Rosenberg ; éditions La Découverte, 3e édition, 2016 (première édition originale 1999) ; 313 p. : 19,50 € ; l’ouvrage de référence.